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Santé Quand les médecins-viticulteurs font la promotion du vin

"Buvez du bon vin avec vos amis en dose correcte et vous vivrez centenaire". Le Professeur Jean Taric, spécialiste en chirurgie digestive au centre hospitalier de Bordeaux et expert es foies cirrhosés se montre très convaincant quand il présente "son" Bordeaux supérieur, le château Turon-Lacroix.

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La quinzaine de médecins-viticulteurs, qui, comme lui, ont participé cette semaine à une soirée de dégustation dans le foyer de l'internat de médecine de Bordeaux, sont unanimes : "Le vin est bon quand on le consomme avec modération". A l'origine, la manifestation avait été conçue comme une simple rencontre conviviale, "une occasion pour tous les médecins qui font du vin de passer un bon moment ensemble et de faire découvrir leurs produits", comme l'explique l'organisateur, Jean-Pierre Dubarry, un retraité "passionné par le vin", qui vient par ailleurs de relancer la culture des 100 pieds de vigne plantés dans la cour de l'internat.

Avec la dernière campagne de prévention de l'alcoolisme du ministère de la Santé, la réunion a soudain pris un parfum de rébellion. "On assiste à une diabolisation dans un contexte de surenchère politique", dénonce un pédiatre qui seconde son épouse pour la gestion d'un vignoble "familial". Déclinée en affiches et en spots télévisés, la campagne publicitaire associe notamment un verre de vin rouge, un sablier contenant un liquide couleur sang et un message "jour après jour, votre corps enregistre chaque verre que vous buvez". "C'est la goutte qui a fait déborder le verre", s'indigne le Dr Marie-France Février, co-propriétaire très stylée du château Chauvin, un grand cru classé de Saint Emilion, qui se dit prête à "descendre dans la rue", le 8 décembre à l'occasion de la journée d'action nationale de la filière viticole. "Quand on pense que M. Douste-Blazy est lui aussi médecin... c'est sans doute parce qu'il est de Lourdes qu'il préfère l'eau", ironise-t-elle, très en colère contre le ministre de la Santé.

Car pour cette ancienne anesthésiste, pas de doute: "Tous les médecins le savent : le vin est une boisson naturelle, pleine de vitamines, bien meilleure que tous les anti-dépresseurs du monde" quand on le consomme avec modération.
"C'est le message qu'on est venu transmettre aux jeunes internes : consommé en quantité modérée, le vin est un aliment bénéfique pour la santé", souligne le Dr Alain Raynaud, le très actif président du cercle Rive droite des grands vins de Bordeaux, qui se prépare à contester en justice la dernière campagne du ministère de la Santé. Plutôt que des messages "terrorisants", ce médecin généraliste récemment reconverti dans la viticulture près de Saint Emilion, préconise une "vraie formation et information" du public sur le thème de la "consommation modérée".

Pasteur lui-même considérait que "le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons", comme le rappelle le Dr Christian Lagrange. Ce spécialiste en chirurgie digestive au centre hospitalier de Nevers n'est pas viticulteur mais écrivain : il vient de publier "Le vin et la Médecine", un livre qui retrace les utilisations médicales du vin, de l'Egypte ancienne au "French paradox", découvert dans les années 1980 (Editions Féret).


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